Abbaye de Cambron
Au commencement
L’histoire s’est enrichie par la tradition, et un récit dit ainsi que l’abbaye fut fondée par Saint-Bernard vers 1148. Celui-ci aurait en effet rencontré un moine de Clairvaux nommé Fastré et originaire de Cambron, qui lui confia qu’un certain Anselme de Trasegnies, seigneur de Peronnes-lez-Binche, avait l’intention de fonder un monastère de l’ordre de Cîteaux. Le Saint se rendit alors à Soignies et le seigneur lui donna le franc-alleu considérable qu’il possédait à Cambron, le 13 juillet 1148 ; donation qui fut confirmée plus tard par le pape Alexandre III.[1] Fastré fut envoyé avec douze religieux par Saint Bernard pour constituer le nouveau monastère et prendre possession de la terre offerte par Anselme de Trazegnies. Le frère de celui-ci, Gilles de Silly, contesta la donation, mais perdit le procès qui s’en suivit.[2] Entreprenant de grands défrichements, cultivant la terre qui sera capable de subvenir aux besoins de la population locale, la mission des moines de Cîteaux était religieuse mais aussi économique. Leur temps était ainsi partagé entre les « exercices religieux et les travaux des champs ».[3] L’évêque de Cambrai et le comte de Hainaut protégeaient le monastère, et celui-ci se développa ainsi pendant plusieurs siècles. Les seigneurs de la région s’y faisaient enterrer, et offraient des sommes importantes pour avoir leur sépulture. Ainsi, l’abbaye prit peu à peu place parmi les puissances politiques, et les religieux du monastère vivèrent avec faste dans de vastes cloîtres.[4]

Des temps plus noirs
Au XVIIe siècle, les religieux abandonnèrent leur abbaye pour aller résider à Ath qui était alors occupée par les Français en mai 1678, et ce après le décès de le Waitte, 37e abbé de Cambron, laissant la prélature vacante. Les moines réintégrèrent leur monastère en juin de la même année suite à l’élection de l’abbé Libert pour reprendre le flambeau. Celui-ci rétablit alors l’ordre et entreprit de grandes dépenses pour la restauration du monastère. Les religieux, pervertis par les richesses qu’offraient le site, finirent par se considérer comme de grands seigneurs et perdirent de vue leur mission spirituelle. Un désordre au sein de l’abbaye survint après la mort de l’abbé Libert, et l’autorité civile dut intervenir, rétablissant ainsi l’ordre. L’abbaye de Cambron connu sa première suppression lors de la révolution brabançonne de 1789, mais celle-ci fut vite rétablie par les autorités provinciales du Hainaut. L’abbaye fut une nouvelle fois supprimée lors de la révolution française, avant de connaître sa fin ultime en 1797, date à laquelle l’heure de la dispersion des religieux sonna.[5]

Un patrimoine certain
Consacrée en 1240, la première église abbatiale fut reconstruite en 1448 et de nouveau vers 1770. L’abbaye, supprimée de manière définitive en 1797, devint la propriété du Comte du Val de Beaulieu qui édifia un château néo-classique à proximité des ruines en 1852.[6] Acquise par la famille Domb, l’abbaye se verra devenir un des terrains des jeux du parc Paradisio, maintenant Pair Daiza, dès 1993.
De nos jours, il ne subsiste plus que quelques vestiges de l’époque médiévale : les nefs de l’église abbatiale (1190-1240), le cellier qui fut longtemps considéré comme crypte (fin du XIIe siècle), le mur d’enceinte (1293), le donjon, (XIIIe siècle), ainsi que quelques tombeaux de gisants, situés dans le sanctuaire de Cambron.[7]
Pour plus d’informations, il est conseillé de vous rendre sur le site de Pairi Daiza renseignant à ce patrimoine :
http://www.pairidaiza.eu/fr/conservation-du-patrimoine
Vous pouvez également visiter cette page afin d’y voir les efforts de valorisation du site: http://www.pairidaiza-foundation.org/fr/thematiques/protection-et-mise-en-valeur-du-patrimoine-culturel-mondial
Références:
[1] Bastien Josse, Les grandes heures de l’abbaye cistercienne de Cambron, Mons, Editions du Ropïeur, 1984, pp. 25-28.
[2] Maarschalkerweerd-Dechamps Suzanne, « La fondation de l’abbaye cistercienne de Cambron (vers 1148) », dans Revue belge de philologie et d'histoire, t. 63, fasc. 4, 1985 (Histoire médiévale, moderne et contemporaine), pp. 715-725.
[3] Bastien Josse, op. cit., pp. 39-40.
[4] Ibid., pp. 39-40.
[5] Bastien Josse, op. cit., pp. 169-187.
[6] Pirlot Constant, Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 4 : Province Hainaut, Arrondissement de Mons, Liège, Solédi, 1975, p. 48.
[7] Maarschalkerweerd-Dechamps Suzanne, op. cit., p. 706.
Plus d'information visitez le site de Pairi Daiza
Localisation de l'ancienne abbaye de Cambron, aujourd'hui Pairi Daiza